décembre 2022 / Clignancourt - Jules Joffrin
Rideau sur la Divette : derniers Verts à Montmartre
L’auvent vert de La Divette est définitivement rangé. Le célèbre bar de la rue Marcadet et repaire des supporters de Saint-Étienne a fermé ses portes début novembre. Son bail n’a pas été renouvelé.
L’info a été publiée dans L’Equipe et Onze magazine : la Divette, c’est fini. A quelques pas de Montmartre, Serge Vial et son épouse Michèle étaient locataires des lieux depuis trente-six ans. Ils avaient l’habitude de recevoir les supporters des Verts à chaque match, jusqu’à celui du samedi 22 octobre contre Amiens, qui a réuni son lot de fans de l’AS Saint-Etienne venus célébrer la dernière victoire. La Divette a chanté tout le dernier dimanche d’octobre grâce à une fanfare déployée devant le bar et de nombreux clients sont venus remercier une dernière fois les propriétaires.
Le rideau vert sera définitivement tiré au mois de novembre, pendant lequel les locataires doivent rendre la clé des lieux. Leur bail n’a pas été renouvelé par les petits enfants du propriétaire qui reprennent les murs et ont décidé de construire un immeuble à la place de la bâtisse à un étage qui abritait le bar. Plus de cent ans d’histoire se ferment ainsi au 136 rue Marcadet. Serge et Michèle parlent de reprendre un tabac à 100 m de La Divette, mais sans bar.
« Evitez de trop pleurer »
Pour ce couple de commerçants comme pour les Stéphanois (Serge lui-même est originaire de « Sainté » ) d’ici et d’ailleurs, c’est une vraie perte. La nostalgie envahissait déjà les habitués quand le patron a annoncé sur les réseaux sociaux il y a quatre mois : « Nous ne prenons pas la fuite dans les airs, seulement obligés de partir d’ici (…) ! Les propriétaires des murs reprennent le lieu […] évitez de trop pleurer, nous ne voudrions pas d’inondations ! »
Depuis, les rideaux multicolores restent fermés, et la famille Vial range les années de prix, fanions stéphanois et trophées accumulés depuis 1986. Michèle Vial s’inquiète que le sort de La Divette symbolise la fin des petits commerces et artisans qui faisaient « le vrai Paris », dans lequel elle a toujours habité. Bien que les nouveaux propriétaires de l’immeuble aient proposé de l’argent aux locataires pour qu’ils quittent les lieux, pour elle, « ce n’est pas une histoire d’argent, c’est une histoire de cœur ». •
Photo : Brigitte Postec