décembre 2022 / A poils ou à plumes, le pavé parisien se partage aussi avec les bêtes
Habitez-vous dans un quartier moineaux ?
Voici quatre ans, Paris lançait l’appel à manifestation d’intérêt en faveur des moineaux dont la situation est alarmante : près d’un sur quatre a disparu à Paris depuis les années 2000. Synthèse des principales constatations de ce dispositif publiées par la direction des espaces verts (DEVE).
Les oiseaux seraient-ils de gauche ? Quand Paris a décidé d’installer des nichoirs dans son espace public, la Mairie ne se doutait probablement pas que les dispositifs comportant plusieurs logements révèlerait que celui de gauche était choisi majoritairement par les oiseaux (plus de 46 % contre 33 % au milieu et 20 % à droite). La synthèse des observations de la DEVE ne procure aucune explication mais est en revanche riche d’enseignements plus utiles.
Tout d’abord, il semblerait qu’en moyenne 40 % des nichoirs ont trouvé preneur et que, depuis leur installation, environ 59 % ont signé un bail d’au moins une année avec leurs locataires ailés (toutes espèces confondues). Les mésanges charbonnières, plus adaptables dans leurs choix de nidification, remportent cependant la palme avec 94 % des nichoirs occupés tandis que les moineaux et les mésanges bleues en occupent moins de 5 %. Contrairement aux moineaux, l’espèce se porte heureusement bien avec une hausse de la population de 66 % en dix ans suivant une estimation de la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
Patience est mère de toutes les vertus ! Les oiseaux ont pris leur temps pour occuper leurs nouveaux logements. Seuls 37 % ont été occupés dès la première année, la majorité l’étant à partir de la deuxième tandis que 22 % ont attendu la troisième pour voir arriver leurs occupants. Balcon, rebord de fenêtre, jardin ou cour ne semblent pas avoir d’impact sur la fréquentation mais la distance à la végétation, nourricière et protectrice, semble jouer un rôle.
Le piaf, toujours en difficulté
A l’inverse de la mésange, la situation du « piaf » parisien est catastrophique avec une population en fort déclin (70 % en 13 ans). Il est en effet privé – dans les lieux trop urbanisés comme Paris – de la végétation (arbustes épineux entre autres) dans laquelle il peut se réfugier, ainsi que des cavités de plus en plus absentes de nos immeubles modernes ou rénovés. Les insectes et graines nécessaires à sa subsistance font aussi défaut.
Les moineaux semblent avoir très peu fréquenté les nichoirs qui leur étaient proposés, peut-être faute d’une colonie déjà en place alentour. Car cet animal grégaire n’est pas aventureux et ne s’éloigne jamais à plus d’une centaine de mètres de ses congénères. Les nichoirs installés en dehors de ce périmètre avaient donc peu de chances d’être visités.
C’est pourquoi le dispositif a depuis été complété, en association avec la LPO, par un dispositif de renforcement des colonies locales existantes pour mieux les protéger et leur permettre de croître. La première tranche (2021-2022) portaient sur trois site pilotes dont un dans le 18e, la place Suzanne Valadon où une colonie était présente dans l’école Foyatier toute proche (lire notre numéro 299). Environ une douzaine de nichoirs ont été distribués à autant d’habitants de la zone concernée.
Ces nouvelles dispositions permettront-elles effectivement à la colonie de grossir ? C’est ce qui reste à voir. En attendant les résultats, le dispositif est étendu à cinq nouveaux arrondissements sur la période 2022/2023. A suivre donc.
Photo : Jean-Claude N’Diay