juillet/août 2024 / JOP 2024 : nos quartiers, terre de champions
Sofyane Mechiaoui, une étoile en fauteuil
Lors des Jeux paralympiques, le basketteur Sofyane Mehiaoui, issu et vivant dans le 18e, défendra les couleurs de la France. À quelques semaines de la compétition, il nous raconte les préparatifs.
Sur sa petite moto adaptée qui lui permet de se déplacer, il a la banane, Sofyane Mehiaoui. Depuis quelques semaines, il sait qu’il participera avec l’équipe de France, fin août, aux Jeux paralympiques dans la catégorie du basket en fauteuil. Cela faisait vingt ans que le basket français n’avait pas été qualifié pour cette compétition. Tout s’est joué lors d’un tournoi de qualification en avril à Antibes. Alors que l’Angleterre, l’Espagne, les Etats-Unis et l’Australie étaient déjà qualifiés, il restait quatre places à distribuer. « Dans notre poule, nous avions l’Iran, une très bonne équipe, les Pays-Bas et le Canada, raconte Sofyane avec des étoiles dans les yeux. Nous avons gagné tous nos matchs de groupe, notamment le premier, déterminant, contre l’Iran. Ensuite, nous avons affronté le Maroc, le dernier de l’autre poule, un match que nous avons remporté facilement, ce qui nous a permis d’être qualifiés. »
Auto-entrepreneur et amateur
Depuis presque toujours en fauteuil, car atteint par la poliomyélite* à la naissance, Sofyane a passé l’essentiel de sa jeunesse dans le 18e. Même quand il est parti quelques années mener sa carrière de basketteur professionnel en Italie puis en Turquie, il n’a pas abandonné son arrondissement. Il caressait le projet de rentrer pour constituer un nouveau club. Ce qu’il a fait en 2021 en créant le Paris basket fauteuil avec le soutien de l’adjoint au maire chargé des sports Mams Yaffa (lire notre numéro d’octobre 2023). Son engagement pour l’accès au sport pour les personnes handicapées s’est accompagné de la perte de son statut professionnel. « En France, faute de sponsors importants, les joueurs sont totalement amateurs. La plupart prennent même des journées de congés pour les stages internationaux », explique-t-il. De son côté, Sofyane a choisi le statut d’auto-entrepreneur pour intervenir dans les écoles et les entreprises pour sensibiliser au handicap. « Dans les écoles, j’installe les enfants dans des fauteuils pour qu’ils soient sensibilisés au handicap, raconte-t-il. Je suis intervenu également à l’hôpital Trousseau auprès d’enfants malades ou handicapés. Certains ensuite sont venus au Paris basket fauteuil. »
Pour payer ses frais importants (les fauteuils sont par exemple à la charge des joueurs), Sofyane a développé un système de sponsors personnels. Il espère que Paris basket fauteuil sera aidé l’année prochaine par Adidas et qu’il disposera de deux créneaux d’entraînement hebdomadaires pour les enfants comme pour les adultes. Et en tant que joueur, l’international évoluera l’an prochain dans l’équipe de Meaux (Seine-et-Marne) qui joue parmi l’élite.
En attendant, l’événement commence le 29 août avec le premier match du tournoi olympique. Et d’ici là, deux mois très chargés. « En juin, nous avons fait une semaine de préparation à Bordeaux, puis pris un peu de vacances. Cela reprend ensuite en juillet avec un tournoi à Cologne et une préparation à Bordeaux. » Est-il tendu devant l’importance de l’enjeu ? « Non, maintenant qu’on est qualifié, on va tout donner en essayant de viser une médaille », dit-il dans un grand sourire. Et il invite tous les Parisiens à venir les encourager à Bercy, puisqu’il reste encore des places. Non seulement vous pourrez encourager Sofyane et ses potes, mais aussi découvrir un sport particulièrement spectaculaire.
* La poliomyélite est une maladie très contagieuse provoquée par un virus (le poliovirus) qui envahit le système nerveux et qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles
Photo : Jean Claude N’Diaye