Encore une fois la Goutte d’Or inspire le cinéma. Karmapolice, tourné durant l’hiver 2022, y conte l’histoire d’un flic à la dérive.
Angelo, flic dépressif aux faux airs de Serpico, s’installe à Château Rouge avec sa compagne Pauline. Fasciné par le quartier, rongé par une culpabilité dont l’origine se dévoile peu à peu, il erre entre les rues Dejean, Polonceau et la porte d’Aubervilliers. Il s’acoquine avec Poulet (sic), petit dealer et quasi concierge du coin, hésitant entre basculer totalement et continuer d’aider, comme il peut, son prochain.
Karmapolice est le deuxième long métrage de Julien Paolini. Il a été distingué par le Grand prix du festival polar de Cognac, une récompense qu’il avait déjà remportée en 2018 avec son premier film, Amare amaro. Le réalisateur a tourné en mode « commando » : trois semaines ont suffit pour l’essentiel des scènes, avec la participation des habitants, des commerçants et des associations du quartier. On reconnait au passage l’espace d’accueil de jour Naïm-Pain Partagé, installé rue de Clignancourt ou encore le jardin de la Table ouverte.
Ici, Julien Paolini parvient à construire une ambiance polar typiquement parisienne.
Une ambiance maîtrisée
Les premières images, une succession de photographies issues de la série Stalincrack d’Hervé Lequeux n’y sont pas pour rien. Les nombreuses scènes de nuit qui meublent les insomnies de son protagoniste, l’appartement de passe dans lequel il s’installe et la rencontre avec son étrange voisine camée, enrichissent le suspense et accrochent le spectateur.
Quant au casting, outre l’acteur principal Syrus Shahidi, on reconnait Karidja Touré (nommée au César du meilleur espoir pour Bande de filles en 2015) et Alexis Manenti, César du meilleur espoir en 2020 pour Les Misérables. Autant d’ingrédients qui contribuent à la réussite de ce film chaudement recommandé et pas seulement pour le quartier.
Karmapolice, de Julien Paolini, 1h20, en salle le 17 juillet.
Photo : La Réserve