Depuis quelques mois, des chambres d’hôtel abritent des étudiants en situation précaire, refuge contre les conséquences de la crise sanitaire.
« La seule chose qui me manque, c’est un endroit pour cuisiner. Mais avec le supermarché à coté et les distributions des colis alimentaires, ça va ! » Inès, inscrite en master 1 d’informatique depuis septembre, est hébergée depuis quelques semaines… à l’hôtel, grâce à un dispositif mis en place par la Croix-Rouge. Elle a pu valider son premier semestre et, même si elle sort peu – ses cours n’ayant lieu qu’en distanciel – et n’a pas l’opportunité de faire de nouvelles connaissances, elle aborde la fin de son année avec confiance. « Avoir cette chambre, ça m’a sauvée » conclut-elle avant de retourner travailler devant son ordinateur.
Le Conseil régional d’Ile-de-France, la Croix-Rouge et le groupe Accor ont signé un partenariat pour mettre à disposition des jeunes les plus en difficulté 100 chambres dans deux hôtels Formule 1, un dans le 13e et un autre dans le 18e, porte de Montmartre. Depuis janvier 2021, 85 étudiants ont pu y être logés et avoir ainsi la tranquillité d’un toit, gratuitement jusqu’au 30 juin, fin de l’année scolaire et universitaire.
Précarité étudiante
Comme Inès, de nombreux étudiants sont victimes de la crise sociale qui accompagne la crise sanitaire actuelle. Les responsables d’établissements d’enseignement supérieur ont, entre autres, alerté le Conseil régional sur l’augmentation du nombre d’étudiants en logement précaire. En effet, avec la disparition des jobs étudiants (nombreux dans la restauration), plus d’argent pour payer un loyer. Les colocations ou les hébergements familiaux, souvent bruyants et surpeuplés, laissent peu de place pour se concentrer et travailler, d’autant plus que les cours n’ont quasiment plus lieu qu’en distanciel. Inès, elle, était hébergée par des membres de sa famille. « Mais en décembre, ça n’a plus été possible pour eux de m’accueillir, explique-t-elle. J’ai contacté le service social de la fac, et les choses sont allées très vite. J’ai pu bénéficier d’une chambre dans cet hôtel Formule 1, porte de Montmartre. » La jeune femme peut enfin étudier dans une chambre confortable et calme.
Optimiste pour l’avenir
Quant à Kévin, également hébergé dans cet hôtel, il vient d’une colocation à Neuilly-sur-Marne, à la limite de la légalité. Entre les factures impayées de son propriétaire, peu d’espace et loin de son école d’ingénieur en informatique, étudier pour lui était vraiment compliqué. « Quand j’ai vu sur le Discord de l’école cette offre d’hébergement, j’ai tout de suite contacté le CROUS qui m’a orienté vers les assistants sociaux de la Croix-Rouge. Et voilà, maintenant je suis logé dans une chambre confortable ! » On devine un grand sourire sous son masque. Le périphérique qui gronde à coté ne le dérange pas. Fort de quelques copains, de la possibilité de manger au restaurant universitaire porte de Clignancourt, des cours de soutien en maths qu’il donne à distance et de l’accompagnement de Fanny, l’assistante sociale de la Croix-Rouge, Kévin se sent optimiste pour l’avenir.
La Croix-Rouge, acteur majeur dans le portage de ce projet financé en partie par le Conseil régional est en effet présente au quotidien auprès de ces étudiants. C’est donc épaulés par des travailleurs sociaux et des bénévoles qu’ils préparent dès maintenant leur sortie, en cherchant des solutions de logement pérennes, auprès du CROUS et des bailleurs sociaux. Cette présence, directement sur place dans un bureau attitré, est d’une grande aide pour ces jeunes, quand même assez isolés. « C’est important, on ne se sent pas lâchés ! » conclut Kévin. •