Journal d’informations locales

Le 18e du mois

Abonnement

FacebookTwitter

mai 2021 / La Goutte d’or

Passage de relais à la Salle Saint-Bruno [Article complet]

par Stéphane Bardinet

Après dix ans à la direction de l’association, Estelle Verdier gardera en mémoire la vitalité du quartier.

« Tous les dix ans, je change, lance Estelle Verdier, ex-directrice de la Salle Saint-Bruno, dix ans à la Goutte d’Or, mon deuxième poste, et avant, dix ans à la Ligue de l’enseignement en Seine-Saint-Denis. »

La tête dans le guidon, les dernières semaines ont été denses pour clore ses nombreux dossiers. Il est vrai que la Salle Saint-Bruno, depuis sa fondation en 1992, est un acteur associatif majeur de la Goutte d’Or. L’association est présente à trois adresses et autant d’activités différentes. Au 9 rue Saint-Bruno : le lieu principal avec ses salles de réunion et surtout l’immense espace dans l’ancienne chapelle où associations et particuliers adhérents organisent réunions, formations, activités culturelles. La salle gère également l’Espace proximité emploi (EPE), rue de Chartres, qui œuvre à l’insertion professionnelle. Enfin à l’angle des rues Léon et Myrha, la Goutte d’ordinateur, espace public numérique qui forme à la pratique de l’ordinateur, des outils bureautiques et aide à s’adapter à la dématérialisation. Avec les aides et les subventions de la Ville et de l’Etat et l’autofinancement, la Salle Saint-Bruno a géré en 2019 un budget de 700 000 €.

Un quartier comme nul autre

Estelle Verdier a bien vécu cette décennie au sein d’une structure dont elle loue la qualité, tant des salariés que des bénévoles qui l’animent. Et puis, il y a le quartier. « Il a son identité propre, comme un petit village mais avec des gens qui se côtoient sans se connaître, j’y ai trouvé beaucoup de générosité, d’intelligence collective et un accueil chaleureux. » Même si elle n’oublie pas les contrastes de vie, les besoins et les difficultés, elle y voit une cause de la vitalité associative. « Face à ces problèmes importants, il y a dans les associations la volonté de trouver des solutions, avec débrouillardise ; c’est un secteur enthousiasmant, avec beaucoup de professionnalisme, des bénévoles incroyables et des activités citoyennes remarquables qu’il faut soutenir. »

Pendant dix ans, elle en a croisé beaucoup. « De nouvelles associations apparaissent, certaines s’arrêtent, d’autres repartent, il y a un renouvellement permanent. Voyez le collectif interassociatif, il a été en demi-sommeil pendant dix ans mais en mars 2020, il s’est reformé assez spontanément, restructuré et même élargi depuis. Pour répondre aux questions qu’on se posait tous. Que faire ? Comment réagir à la crise et à la montée de la précarité ? Une nouvelle dynamique est née et se poursuit. »

La force de l’action collective

Car la Salle Saint-Bruno est et a été partie prenante de nombreuses actions interassociatives, en particulier, la plus visible et la plus ancienne, la Fête de la Goutte d’Or dont elle coordonne l’organisation. « La Salle a les locaux et les moyens et joue un rôle d’outil pour les associations. Elle donne du sens et du souffle pour alimenter cette dynamique. Je les ai toutes faites entre 2012 et 2019, en 2020 elle a été annulée, cette année, j’espère y revenir, juste en spectatrice fan. »

Elle reste admirative de cette puissance associative. « Il existe des collectifs associatifs partout, j’ai connu la Seine-Saint-Denis, un département attachant mais incomparable avec la force qu’on trouve à la Goutte d’Or pour mener des combats et actions communes. » En avril 2020, pendant le confinement, alors que tout était suspendu, les associations de distribution alimentaire ont repris leurs actions, le collectif a joué son rôle de relais auprès des habitants. En publiant une tribune sur gouttedor-et-vous.org (également créé, animé et coordonné par la Salle Saint-Bruno) une vingtaine d’associations dont la Salle « ont voulu interpeler les pouvoirs publics sur les difficultés sociales démultipliées depuis la crise. »

Estelle Verdier part rejoindre le réseau régional des MJC d’Ile-de-France, « une opportunité et un vrai changement en passant à l’échelle régionale… D’ailleurs le 18e n’a pas de MJC » fait-elle remarquer. L’arrivée du prochain directeur est annoncée pour juin. •

Photo : Jean-Claude N’Diaye

Dans le même numéro (mai 2021)

  • Le dossier du mois

    De la rue au salon : du vert à tous les étages

    Elyse Yacoub, Sandra Mignot, Sylvie Chatelin
    Dedans comme dehors, les citadins ont envie de vert. Végétaliser les rues, prendre soin des pieds d'arbres ou agrémenter salons et balcons de plantes en tous genres est devenu très tendance. Pour le plaisir, le bien-être, l’apaisement mais aussi davantage de convivialité en ville.
  • La vie du 18e

    Un rapace sur la Butte

    Jacky Libaud
    Cela mérite d’être souligné, chez Monsieur et Madame Epervier, c’est Madame qui monte au front et tient tête aux corneilles houspilleuses.
  • La Goutte d’or

    Marche sportive pour des femmes entre deux mondes

    Florianne Finet
    Tous les samedis, une quinzaine de femmes de la Goutte d’Or se retrouvent pour marcher à Montmartre. L’occasion de faire du sport tout en découvrant un autre quartier.
  • Porte de Montmartre

    Chambres d’hôtel pour étudiants précaires

    Cornélie Paul
    Depuis quelques mois, des chambres d'hôtel abritent des étudiants en situation précaire, refuge contre les conséquences de la crise sanitaire.
  • Évangile-Charles Hermite

    Vélo-cargo : une scop et des livreurs heureux

    Stéphane Bardinet
    Avec ses coursiers en vélos-cargos électriques, la société Olvo illustre la montée en puissance des micromodes de transport pour s’adapter aux nouveaux usages et s’affranchir de la congestion du trafic. Installée dans la zone industrielle CAP 18, la jeune scop est également en pointe sur la politique sociale et fourmille de projets.
  • Simplon

    Projet Ordener- Poissonniers : la fin du rêve « extraordener » ?

    Dominique Gaucher
    Diminution du nombre de logements, augmentation relative des espaces verts sont au programme mais riverains et associations sont encore loin d’avoir obtenu ce qu’ils souhaitaient. Néanmoins, la porte reste entr’ouverte à la poursuite de la concertation.
  • Montmartre

    Le mécano de la Capitale

    Dominique Dugay
    Les dessous de la Butte abritent un atelier de mécanique à l’ancienne, temple de la clef à molette et du cambouis.
  • Du vert à tous les étages

    A la maison : plantes et boutures, cultiver son intérieur

    Sandra Mignot
    Le vert gagne du terrain partout, même à l’intérieur. Rencontre avec les nouveaux accros du jardinage d’appartement.
  • Du vert à tous les étages

    Devant l’école : de la couleur et des arbres en pleine terre

    Sylvie Chatelin
    Deux rues vont bientôt être réaménagées et rendues aux enfants et aux piétons. Fermées à la circulation devant les établissements depuis septembre 2020 afin de réduire la pollution, assurer la sécurité et se réapproprier l’espace public.
  • Du vert à tous les étages

    Dans la rue : un collectif au pied des magnolias

    Elyse Yacoub
    Ce n’est pas d’hier que les questions d’insalubrité et d’hygiène agitent le Landerneau parisien. Sans doute y a-t-il aussi à redire de l’état des lieux du 18e arrondissement. Néanmoins, si la critique est aisée, l’art du jardinage est difficile.
  • Histoire

    La Commune de Paris : le temps d’une chanson

    Philippe Darriulat
    Cet article est le dernier de trois consacrés à la Commune. Après le rôle primordial joué par les femmes pendant ces soixante-douze jours d’insurrection, voir le numéro de mars, et la place des images sous forme de caricatures, dessins ou photos ; numéro d'avril, cette série s’achève en chansons et sur la mémoire sonore d’une époque. Certaines ont franchi les ans et témoignent encore de ce moment exceptionnel qui dura si peu mais qui marqua si fort la mémoire collective.
  • Culture

    Musique baroque et hip-hop cassent les barrières

    Dominique Boutel
    Bravant les difficultés liées aux consignes sanitaires, port du masque, fermeture des écoles, confinement, le projet Hip Baroque Choc réconcilie les élèves du lycée Auguste Renoir avec le répertoire baroque et souvent, avec eux-mêmes.
  • Culture

    Chant, musique, danse : un spectacle total

    Dominique Boutel
    Le projet Voi(e,x,s), mené depuis trois ans par la compagnie Manque pas d’Airs (MPDA), se fait l’écho d’un travail sur l’interaction possible entre la musique et l’urbanisme.
  • Les Gens

    Danièle Pélissier : la dame des lumières

    Dominique Gaucher
    Présidente de l’Association de défense de Montmartre et du 18e arrondissement (ADDM 18) durant 25 ans, elle vient de passer le flambeau.

n° 230

octobre 2024