Cela mérite d’être souligné, chez Monsieur et Madame Epervier, c’est Madame qui monte au front et tient tête aux corneilles houspilleuses.
Celles et ceux qui nourrissent les petits oiseaux le savent bien, parfois un rapace s’invite au festin et repart avec un convive entre les serres ! S’il n’est pas le faucon crécerelle, dont deux couples nichent dans notre arrondissement, le trouble-fête est alors l’épervier Accipiter nisus, qui a déjà nidifié à Montmartre.
Comme souvent chez les oiseaux de proie, le couple présente un fort dimorphisme sexuel et la femelle est plus puissante que le mâle ! Madame épervier est de la taille d’un pigeon et présente un plumage brun et beige alors que Monsieur, de la taille d’une tourterelle, arbore un dos gris ardoise et un ventre barré d’un roux du plus bel effet. Tous deux possèdent de longues pattes jaunes aux doigts très déliés, bien pratiques pour la capture des oiseaux qui sont leurs victimes habituelles. La femelle peut capturer des pigeons ou des geais, alors que le mâle se contente généralement de proies plus petites tels les étourneaux et moineaux. Les cibles sont généralement capturées par surprises, lorsqu’elles sont au sol ou volant à faible hauteur.
Au printemps, il est possible de voir le couple en plein ciel, effectuant les acrobaties aériennes qui composent sa parade nuptiale, mais le reste de l’année le mâle reste généralement à couvert, car ses apparitions provoquent la colère des corneilles qui le poursuivent avec acharnement. La femelle, en revanche, sait résister aux harcèlements aériens de ces irascibles voisines.
De la campagne au maquis de Montmartre
Oiseau des bois et des bocages, l’épervier est entré assez récemment en ville où il se révèle de moins en moins farouche. A Paris, les couples s’installent en général dans les grands parcs tels les Buttes-Chaumont, Montsouris ou le Luxembourg, mais ils peuvent se contenter d’espaces verts plus réduits tel le bosquet de la bibliothèque François Mitterrand.
Entre 2000 et 2017, un couple a même niché dans un vestige du maquis de Montmartre, dissimulé entre les immeubles de la rue Damrémont et ceux de la rue Caulaincourt. Certains riverains médusés ont donc pu suivre toute la reproduction, depuis la construction du nid jusqu’à l’envol des jeunes, à cinq mètres en contrebas de leurs fenêtres ! Le photographe Roland Seitre est venu les immortaliser et nous le remercions pour cette belle photo de la femelle au nid, près de ses poussins. Tant qu’ils sont en duvet blanc, elle reste près d’eux pour les protéger et dépecer les proies que le mâle lui apporte. Ensuite, avant qu’ils ne s’émancipent durant l’été, elle reprendra la chasse pour satisfaire leur féroce appétit.
Et vous, avez-vous repéré les discrets éperviers dans votre environnement ? •
Photo : Roland Seitre