Journal d’informations locales

Le 18e du mois

mai 2021 / Culture

Musique baroque et hip-hop cassent les barrières

par Dominique Boutel

Bravant les difficultés liées aux consignes sanitaires, port du masque, fermeture des écoles, confinement, le projet Hip Baroque Choc réconcilie les élèves du lycée Auguste Renoir avec le répertoire baroque et souvent, avec eux-mêmes.

Clavecin, violon baroque, théorbe, les musiciens du Concert de la Loge, son fondateur et chef Julien Chauvin en tête, ont une fois de plus investi le gymnase du lycée professionnel Auguste Renoir. Vivaldi, Couperin, Charpentier, Bach, font maintenant partie de la playlist des lycéens qui suivent le cursus des métiers d’art et du graphisme, volontaires pour participer au projet Hip Baroque Choc qui se déroule dans ce lycée depuis 2017.

A l’initiative de Sandrine Labat, professeure de mathématiques/sciences, s’est opérée la rencontre entre les musiciens de l’ensemble Le Concert de la Loge que dirige son ami Julien Chauvin, et cette année, les élèves de trois lycées professionnels de région parisienne, Théophile Gautier (12e), entre autres avec une classe d’élèves allophones, Lucie Aubrac (93), une classe de seconde en électricité et Auguste Renoir. Le projet de création permet aux lycéens d’« entrer » dans le répertoire baroque en travaillant pendant un an les arts de la scène, la musique baroque, la danse hip hop, la déclamation, les percussions, le chant choral et les arts appliqués, avec des artistes professionnels. « Je veux leur montrer que la danse baroque a la même énergie que la pop », explique Julien Chauvin. « L’idée est de créer la rencontre, de faire tomber les préjugés et casser les barrières entre les genres et les publics. »

Au lycée Auguste Renoir, l’objectif est de faire réfléchir les lycéens au passage entre le son et l’art graphique. C’est aussi de permettre à chacun de découvrir et d’exprimer son talent, avec la conscience de l’exigence que demande un spectacle.

Lycéens metteurs en scène

Forte des expériences des quatre éditions précédentes, Sandrine Labat a choisi cette année de confier la mise en scène aux lycéens eux-mêmes : « La jeunesse est marquée par cette crise, révèle-t-elle. Le spectacle évoque la mort, la tristesse, le deuil, mais il se termine par une sorte de reprise de ses droits par la nature. » Ainsi, certains des thèmes abordés, le cyber-harcèlement, la place de l’homme dans la nature, les dictateurs, seront illustrés par les musiques choisies par les lycéens et interprétées par les musiciens de l’ensemble. Ont été retenus Rameau, Charpentier et Bach. Guidés par leur professeure d’art, Caroline Douard-Boisseau, les élèves conçoivent et réalisent les décors, les costumes, les vidéos, en utilisant plusieurs techniques graphiques. Ils sont encadrés pour la danse par la compagnie Käfig-CCN de Créteil. « Au départ, les lycéens ne croient pas trop à ce mélange entre hip hop et baroque, mais dès que les artistes viennent jouer, ils adhèrent vite », se réjouit Sandrine Labat.

Le parallèle avec l’art et le travail qu’il nécessite, permet également de revaloriser les métiers qui attendent ces jeunes. Les effets se font rapidement sentir : en plus des élèves qui suivent fidèlement le projet le temps de leur scolarité, certains demandent à revenir une fois leur cursus terminé ou encore commencent à imaginer leur avenir différemment… Le souhait de toute l’équipe engagée aux côtés de ces jeunes, qui ne sont jamais allés au spectacle, n’ont jamais vu un violon de près ou entendu un orchestre, c’est de « modifier leur regard et leur écoute à l’égard de la culture pour qu’ils sachent qu’elle est aussi pour eux. Ça change une vie ».

Si tout va bien, le spectacle aura lieu à l’auditorium du Louvre le 20 mai. Trois clips ont aussi été tournés, dont un sur la terrasse du lycée, avec vue sur le 18e ! •

Photo : Dominique Boutel

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novembre 2024