Ce n’est pas d’hier que les questions d’insalubrité et d’hygiène agitent le Landerneau parisien. Sans doute y a-t-il aussi à redire de l’état des lieux du 18e arrondissement. Néanmoins, si la critique est aisée, l’art du jardinage est difficile.
Tandis que le hashtag #saccageparis inonde les réseaux sociaux pour dénoncer l’enlaidissement de la capitale, des habitants se mobilisent pour faire perdurer des espaces de verdure dans leur quartier. C’est le cas du collectif Magnolias, groupe d’habitants qui s’affairent depuis 2014 à végétaliser les douze pieds de magnolias de la rue Saint-Bruno, à la Goutte d’Or.
C’est à l’initiative de certains adhérents de l’association La Goutte verte que ce projet a émergé. En 2012, les pieds de magnolias étaient pavés et entourés d’herbes folles, ce qui n’était pas du goût de tous les riverains. La Mairie a donc émis la volonté de bétonner et d’installer des grilles circulaires au pied des arbres, sur le modèle de la rue Saint-Mathieu.
En 2014, une réécriture du projet a relancé la dynamique pour convertir les pieds grillagés en terre cultivable. A l’issue d’un appel à participation, une dizaine de personnes motivées se sont réunies : le collectif Magnolias était né ! L’idée initiale était de créer des parcelles de terre, cultivables par tous et pour tous. Deux jeunes du club de prévention ont notamment aidé à poser les bordures dans le but de développer un chantier éducatif autour de la végétalisation de ces espaces.
Dans le langage des fleurs…
Le jardinage des parcelles (de 9 m2 chacune) a donc débuté durant l’été 2014 mais les bordures se sont rapidement dégradées : les passants s’assoient dessus, y jettent leurs déchets ou y font faire les besoins de leur chien… ce qui rend le travail d’entretien difficile et parfois décourageant pour les bénévoles. Le service de propreté du 18e contribue au nettoyage deux fois par semaine mais c’est d’une présence régulière dont manque le plus les « Magnos ».
La localisation ne facilite pas la tâche car il n’y a pas de commerces et très peu d’habitations à proximité directe. Trouver un point d’eau afin d’effectuer un arrosage régulier est problématique. Faire des allers-retours avec un arrosoir jusqu’au jardin partagé situé à 500 m n’est pas la solution la plus pratique.
Pourtant, les habitants sont toujours contents de voir des personnes jardiner dans leur quartier. Johan, bénévole de l’Univert, a récemment repensé l’aménagement de l’un des pieds en y installant des bacs surélevés. Après une semaine de travail, il le confirme : le jardinage dans l’espace public génère un retour positif des passants. « C’est une activité prétexte au lien social », explique de son côté Lucie, également membre du collectif. Les Magnolias et le jardin partagé l’Univert ont d’ailleurs lancé un vote en ligne afin de faire valider le financement de trois nouveaux bacs par le conseil de quartier.
… le magnolia symbolise la force
Le collectif peut également compter sur le soutien de la salle Saint-Bruno, structure associative, qui fournit à la fois des ressources en eau, un lieu pour se réunir mais aussi des forces vives. Angèle, récemment arrivée en service civique, a rejoint la coordination du projet de végétalisation dans le cadre de sa mission de sensibilisation aux questions de développement durable. L’association Espoir Goutte d’Or (EGO) s’est également associée à la dynamique ; ses usagers toxicomanes devraient prochainement s’emparer de l’entretien de l’un des pieds situés à côté de l’école.
Structures, associations, habitants… tout le monde est donc le bienvenu pour contribuer à ce projet de végétalisation de l’espace urbain. La prochaine journée de jardinage collectif est prévue le mercredi 26 mai à partir de 14 h et sera suivie d’un moment de convivialité. « Partager un thé ensemble, c’est tout aussi important », confie Anne, une autre bénévole.
Un bon moyen de participer à la vie du quartier et faire connaissance avec le voisinage !
Photo : Elise Yacoub