Confinement.fun accueille la créativité née de cette période pour encourager l’imagination tout terrain... clos ! Sur un ton légèrement provoc’ et ironique.
Ils sont trois, de moins de trente ans, dont une confinée dans le 18e, entreprenants, joyeusement transgressifs, et complémentaires. L’actualité leur a donné l’idée de créer un site créatif, un peu déjanté, drôle et intéressant !
18duM : Qui êtes-vous et quelles sont vos compétences respectives ?
Notre équipe de trois s’est auto-recrutée sur le volet, le jour 1 du confinement. Elle comprend Jean-Golden, manageur de communautés et redoutable chercheur de têtes pour nourrir nos petits concerts quotidiens, Marie B. (connue sous le nom de Sneezouz, dans le milieu du fétichisme de l’éternuement), notre informaticienne, spécialiste du code overclocké en hub digital. Ainsi qu’Ombline, AKA Bliche, programmatrice cinéma et directrice artistique de différents projets comme le collaboratif Jeu des cacas.
18duM : Quand et comment l’idée de ce site –où l’on puisse manier humour et ironie- vous est-elle venue ?
Les deux PDG de la succursale n°1 du groupe Télé Confinement ont d’abord eu très envie de posséder le nom de domaine www.confinement.fun. De là, elles ont demandé une expertise auprès de Jean-Golden qui leur a conseillé de créer une page Facebook. C’est ainsi qu’il a été embauché, directement en CDI, créant la succursale n°2 de Télé Confinement.
18duM : Quel en est le principe et à quelle fréquence publiez-vous ?
Cette plateforme collaborative est ouverte à toutes les personnes qui ne veulent pas s’emmerder en situation de confinement. Son contenu appartient à tous. Des personnes confinées nous envoient donc spontanément des choses réalisées pendant cette période particulière (dessins, vidéos, textes...), car l’ennui est un état propice à la création. Nous publions aussi des films que l’on apprécie particulièrement (un film du jour tous les deux jours, logique !) et nous demandons à des artistes de nous offrir des concerts ou performances en direct depuis leur studio (ou leur jardin, puisque le confinement, c’est avant tout l’inégalité exacerbée). Nous poussons (forçons) les gens à nous faire des dessins (nous travaillons avec une mafia locale particulièrement tortionnaire face à l’insubordination). Certaines personnes désœuvrées mettent également leurs compétences techniques au service de projets spécialement créés pour Télé Confinement (comme l’artiste Colin, le Docteur Rosenbarn ou Cliclic.tv). Et nous diffusons chaque jour le programme live produit par Grünt (qui s’intéresse au hip-hop, mais pas que !).
18duM : Qui vous contacte ?
Les gens. Nous avons des surprises chaque jour dans la boîte mail. Par exemple Jean-Christophe Huc qui s’amuse tout seul chez lui à tourner la série « Les îles Korona », Sophie Letourneur qui a proposé son film Manue Bolonaise (à voir absolument, si vous l’avez loupé), le jeu de Diane Rabreau « Le télétour du monde », conçu spécialement pour voyager sur son canapé. Et même Anne Laplantine qui a été la première à nous envoyer un dessin !
18duM : Qui fait le choix éditorial ?
Nous trois. Mais nous acceptons les suggestions du public ! La programmation musicale est composée de professionnels et d’amateurs, de vieux loups de mers et de petits nouveaux, de DJ techno, de chanteurs traditionnels, de musique savante, de spectacle brut, de gens du coin et de gens de loin. On propose aussi des blindtests musicaux sur des thèmes choisis par le public. Et pour le cinéma, nous avons eu la chance de montrer plusieurs films d’Alain Della Negra & Kaori Kinoshita, qui méritent qu’on s’y intéresse, des documentaires de Françoise Romand, des rediffusions de séances Food & Film concoctées par les Froufrous de Lilith. Et bientôt au programme : Clarisse Hahn, Virgil Vernier, Philippe Fernandez, et un court métrage en exclusivité de Benoît Forgeard et Emmanuel Lautréamont, encore en ligne pour quelques jours !
18du M : Avez-vous un but lucratif ?
Ce n’est pas rémunérateur du tout. D’ailleurs, c’est très mal de ne pas rémunérer les artistes. Ça ne se fait pas. Mais il se trouve que toute l’économie s’est arrêtée, en tout cas dans certains corps de métiers. Et comme chômage n’est pas synonyme d’oisiveté, nous nous autorisons cette expérience de partage et d’échange libre de toute contrainte économique. Et puis, il n’y a plus d’infrastructures et d’institutions du divertissement, alors c’est à chacun de participer, et c’est cela qui nous réjouit. •
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