Campagne de tests, protection des soignants et des résidents, liens avec les familles : de nombreuses mesures ont été prises pour éviter l’hécatombe dans les établissements.
Il y a dans le 18e cinq maisons de retraite médicalisées, quatre Ehpad, une unité de soins de longue durée (USLD) et douze maisons de retraite non médicalisées (deux résidences-services, neuf résidences autonomie-foyers logements, un Ehpa). Une seule est municipale, la maison de retraite L’Oasis dans la Goutte d’Or, les autres sont des structures privées.
Le 6 avril, la Ville de Paris a pris conscience de la catastrophe en cours et a lancé, en partenariat avec l’Agence régionale de santé (ARS), une grande campagne de tests PCR (les tests diagnostics réalisés par prélèvement au fond du nez) dans les Ehpad parisiens. Les établissement gérés par la Ville de Paris via son centre d’action sociale ont été les premiers concernés. Dans l’Ehpad L’Oasis qui peut accueillir 119 résidents, onze décès étaient à déplorer fin avril et 21 % des résidents testés étaient porteurs du Covid-19.
On s’attend à un décompte macabre plus important encore que lors de la canicule de 2003 (plus de 19 000 morts). En effet, aux décès dus au Covid-19 s’ajouteront les morts liées aux conséquences du confinement : la décompensation, la perte des repères, de l’appétit, la déshydratation... Ainsi par exemple de malades atteints d’Alzheimer qui mangent par mimétisme et, une fois isolés des autres résidents, ne s’alimentent plus.
Tester et isoler
Après les pénuries de masques, blouses, charlottes et autres protections, la décision de généraliser les tests pour les résidents et pour le personnel a fait craindre un moment qu’ils n’arrivent pas à temps ou en nombre. On a également eu peur que les sédatifs pour soins palliatifs viennent à manquer. La situation s’est stabilisée et les établissements s’inscrivent dans une « démarche de test », sur la base du volontariat.
Trois établissements dans le 18e ont accepté leur mise en place, outre L’Oasis : Robert Doisneau, Les Jardins de Montmartre et les Intemporelles, qui peuvent accueillir au total 321 résidents. Leur capacité à développer un « dispositif post-test » afin de protéger un maximum de personnes est prise en compte : que faire des personnes infectées par le virus ? La direction des affaires sociales, de l’enfance et de la santé (DASES), en partenariat avec l’ARS, propose par exemple des renforts de personnels, des aides pour la réorganisation spatiale et logistique dans le cas où ces Ehpad choisissent une stratégie de regroupement des personnes testées positives. Mais les résultats des tests diagnostics sont longs à obtenir car les laboratoires d’analyse sont surchargés...
Garder le moral et la force
Les établissements ne fonctionnent pas avec tout leur effectif et la gestion du personnel relève du casse-tête : certains sont eux-mêmes malades, d’autres sont en arrêt pour garde d’enfants. Une difficulté supplémentaire dans cette situation de chaos qui ne doit pas effacer les innombrables initiatives, collectives ou individuelles.
Les visites de fin de vie, très réglementées, sont maintenant possibles et permettent l’accompagnement par la famille. L’interdiction des visites avait en effet parfois confiné à l’abandon et traumatisé tout le monde. Rencontres en visioconférence, dons de tablettes, appels par téléphone, témoignent des efforts faits pour que les familles puissent garder le lien, les résidents le moral et les soignants la force de continuer. •