Pol Maire est l’initiateur d’un collectif créé en quelques jours mi-mars pour fournir des repas aux plus démunis. Un réseau rassemblé depuis son petit appartement à Château Rouge.
18duM : Comment sont nés les Ravitailleurs ?
Pol Maire : Bloqué chez moi, comme tout le monde, j’ai eu presque par hasard un contact avec une association de soignants de Seine-Saint-Denis, Banlieue Santé : dès le début du confinement, ils alertaient sur une situation d’urgence alimentaire pour beaucoup d’exclus. J’étais disponible, je venais de quitter l’entreprise Frichti, qui prépare et livre des repas à domicile, et je lui ai demandé de l’aide. Ce fut oui, tout de suite. Frichti a produit plus et donné ce supplément aux Restos du cœur. Mais ce n’était pas assez. J’ai appelé d’autres restaurateurs (Big Mamma, Brick Top, Kinn Khao) qui ont accepté aussi de fournir des repas. Ce n’était toujours pas assez. Alors j’ai contacté, via les réseaux sociaux et des amis, d’autres restaurateurs, fermés depuis mi-mars, pour leur demander du temps et l’utilisation de leur équipement. En trois semaines, une centaine de chefs se sont engagés, et aussi des particuliers.
18duM : Comment fonctionne ce réseau ?
Pol Maire : On a vraiment démarré le 30 mars, avec quelques centaines de repas. Les premiers partenaires nous ont donné des contacts pour des fournisseurs. Les quelque 70 bénévoles vont récolter les produits (légumes, féculents, jus de fruits… les repas sont végétariens pour éviter les interdits religieux), des surplus offerts pour partie, mais aussi achetés depuis que le nombre de repas a explosé. Il faut trouver plus de 500 kilos par jour ! Ils sont répartis par colis remis aux chefs et on récupère le lendemain les repas prêts. Ensuite ce sont les bénévoles de la Protection civile qui vont distribuer ces repas à d’autres associations, ainsi que dans des hôtels sociaux et lors de leurs maraudes auprès des sans-abri. Pour l’essentiel à Paris et en Seine-Saint-Denis.
Il a fallu créer toute une logistique. Pour la répartition, la Mairie du 13e nous a offert un grand espace de 400 m2 dans un gymnase de la Halle Carpentier. Mais nous cherchons au moins un autre local, de préférence dans le 18e, pour pouvoir cuisiner plus de repas. Nous en fournissons entre 1 000 et 1 500 par jour et la demande continue d’augmenter. Nous venons de lancer un appel aux dons financiers pour pouvoir acheter plus de denrées(1). Et nous réfléchissons à l’après-confinement : les bénévoles vont reprendre le travail et seront moins disponibles, mais beaucoup veulent continuer à agir. Car les besoins ne vont pas disparaître.